Le langage clair, du plaisir et de la confiance

Jeudi 10/11/2022

Le mois dernier, la Harvard Business Review a publié un long article consacré au langage clair. L’occasion de recenser les principales études réalisées sur ce sujet ces dernières années aux États-Unis et en Europe. Il en ressort un large consensus, le langage clair crée du plaisir et de la confiance.  

Entretien avec Marie-Elise Georgelin, Chef de produit Langage – Experte et formatrice Langage clair

  • Le langage clair fait parler de lui, racontez-nous :

Effectivement, le 11 octobre dernier la Harvard Business Review a publié un long article sur le langage clair. Cette revue, éditée par la prestigieuse université américaine depuis près de 30 ans, a recensé une dizaine d’études, en grande partie universitaires, menées aux États-Unis et en Europe, sur l’impact du langage clair sur la communication financière, et plus particulièrement auprès des investisseurs.

L’article fait ressortir un large consensus autour de deux points clés. Le premier, le langage clair attire le lecteur, lui apporte une véritable envie de lire. La preuve ? Les neurosciences ont montré que le cerveau humain produit de la dopamine, un neurotransmetteur qui provoque la sensation de plaisir et qui peut avoir un rôle dans la régulation de la cognition, de la mémoire, de l’apprentissage. Second point clé, plus empirique celui-ci, le langage clair crée de la confiance.

On retrouve ici les principaux enseignements de l’étude Labrador-BVA « L’efficacité du Langage Clair, la preuve par les chiffres » parue le 30 janvier 2020. Tous les indicateurs mesurés démontraient déjà que le Langage clair démultiplie la performance d’une communication.

« Ne pas communiquer en langage clair entraîne des coûts cachés »

 

  • Le langage clair a un coût

Le langage clair est un investissement. Il demande du temps, de la formation, de l’accompagnement, mais le retour sur investissement est immédiat. Les investisseurs et actionnaires sont séduits par le langage clair. Il en va de même d’ailleurs pour l’ensemble des parties prenantes. Il permet d’enclencher une dynamique de confiance. Ne pas communiquer en langage clair entraîne des coûts cachés, avec des demandes de compléments d’information ou des risques de mauvaise interprétation ou compréhension. Voire même un rejet pur et simple de la part des lecteurs. Cela peut aussi s’interpréter comme une volonté de cacher des informations et ou de perdre ses lecteurs.

« Les administrations s’y mettent, tout comme les entreprises dans leur communication à leurs clients »

 

  • Où en est la réglementation dans ce domaine ?

La SEC a publié en 1998 un guide de langage clair et le Congrès américain a adopté en 2010 le Plain Writing Act qui impose aux agences fédérales de communiquer clairement. La Nouvelle Zélande a adopté le mois dernier un projet de loi qui oblige le gouvernement et les administrations à utiliser un langage simple et compréhensible quand ils s’adressent aux citoyens. On le voit, le sujet progresse et dépasse la communication financière. Les administrations s’y mettent et même les sociétés dans l’information qu’elles délivrent à leurs clients. Si si, nous aurons bientôt des contrats d’assurance lisibles et compréhensibles ! Certaines compagnies y travaillent

Lire aussi : Clarté, les entreprises s’emparent du sujet

Propos recueillis par Beñat Caujolle

Cas pratique : plus compréhensible, plus efficace et plus économique

Labrador a retravaillé quelques résolutions de la dernière assemblée générale d’un groupe du CAC 40 qui compte bon nombre d’actionnaires individuels. Cette révision s’est faite avec une juriste pour en garantir la valeur juridique. La note de clarté initiale de ce fichier était de 45 %, au regard des critères de langage clair. Après reprise, la note atteint 74 %.

Un exemple de révision :

Formulation initiale 

Le mandat de Madame X pourrait en théorie faire l’objet d’un dernier renouvellement dès lors qu’elle n’aura pas tout à fait atteint l’âge limite statutaire à la date de l’Assemblée Générale. Toutefois, le Conseil a pris acte du souhait de Madame X de ne pas être candidate au renouvellement de son mandat.

 

Formulation proposée 

Madame X n’est pas candidate au renouvellement de son mandat.

 

Autant faire simple, lisible, compréhensible et efficace ! Tout en réalisant au passage de réelles économies ! Moins de mots c’est aussi moins de relecture, moins de traduction, moins de papier, moins d’encre,… Investir dans le langage clair s’amortit bien vite.