Jeudi 29/09/2022

Cette année encore, les URD, toujours plus longs, n’ont guère progressé sur le volet pourtant très attendu de la transparence. L’occasion ici de faire le point et d’identifier les points de vigilance et donc les critères à améliorer.

Entretien avec Julia de Queiros, Responsable Conseil, Etudes et Transparence chez Labrador

Les documents de référence semblent plus longs et ne pas avoir gagné en accessibilité. Une simple impression ?

L’URD a encore pris 20 pages de plus cette année en moyenne. C’est mécanique, plus les documents sont longs, plus il faut être exigeant sur le bon respect des critères de clarté. Mais le faible niveau de clarté global s’observe aussi sur des documents plus courts. La brochure de convocation décroche ainsi les moins bons résultats. Alors même qu’elle s’adresse à un public moins expert, la brochure demeure un document très « juridique », peu accessible, peu compréhensible.

Mais il n’y a toujours pas de progrès ?

Si, beaucoup ! Globalement, le document s’est standardisé dans sa structure, sa présentation, l’utilisation de certaines appellations, ce qui rend plus facile la recherche d’informations. L’information autour de la gouvernance et des risques s’est également nettement améliorée. Ces deux thématiques obtiennent les meilleurs niveaux de transparence. La présentation didactique a fait des émules et le recours à l’infographie ou à des éléments graphiques est désormais « naturel » pour présenter, par exemple, la composition de la gouvernance, les cartographies des compétences, mais aussi les tableaux de synthèse des risques ou encore la précision de la criticité des risques…
En revanche, gros bémol sur les rémunérations. Il manque encore de la pédagogie, de la synthèse et des éléments permettant la comparaison. On retrouve ici une rédaction trop technique pour être vraiment accessible.

Qu’en est-il de l’extra-financier ?

Le niveau de transparence des critères ESG se maintient à un niveau moyen de 44 %. Mais attention, une partie importante des nouveaux critères concernent l’information extra-financière. Et cette tendance devrait encore s’accentuer avec notamment l’arrivée des prochaines étapes de la taxonomie, notamment sociale, et la CSRD.

« Présentation de l’empreinte et trajectoire carbone, un enjeu prioritaire »

 

Aujourd’hui, l’attention se concentre sur les enjeux climatiques et environnementaux. Les sociétés sont de plus en plus nombreuses à faire référence à la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD). Quelques présentations graphiques sur la gouvernance climat ont fait leur apparition, mais seulement 47 % des entreprises des sociétés du SBF 120 ont évoqué cette année l’impact de leurs engagements climatiques sur leur performance financière.

De même, la présentation de l’empreinte et celle de la trajectoire carbone sont loin d’être standardisées. Pourtant, la mesure du travail réalisé par chaque entreprise dans ce domaine devient un enjeu prioritaire. Cette absence de standardisation ne facilite pas toujours l’accès à l’information et à sa comparabilité. Et ce, d’autant plus que la pagination du chapitre DPEF ne cesse d’augmenter (+ 37 % de pages en 5 ans). Comme évoqué plus haut, cette inflation de pages peut noyer les informations dans un « bruit » important. S’il n’y a pas un vrai travail de vigilance pour en faciliter leur accès et leur compréhension !

Propos recueillis par Beñat Caujolle

Bonne pratique : les Critères à améliorer

  • Mentionner dans les états financiers, comme le recommande l’AMF, l’impact des engagements climatiques sur les performances financières. Expliquer pourquoi il n’y a pas d’effet significatif le cas échéant.
  • Présenter un graphique illustrant l’évolution, de la rémunération des dirigeants mandataires sociaux par rapport à l’évolution de la performance, financière et/ou extra-financière de l’entreprise. Cela permet de démontrer la cohérence d’une politique de rémunération par rapport aux enjeux de l’entreprise.
  • Intégrer dans la rémunération variable des critères ESG, notamment un critère social et un critère environnemental. La rémunération variable long terme doit elle aussi être alignée sur les enjeux extra-financiers de l’entreprise.
  • Présenter un, ou plusieurs, indicateurs de biodiversité, suivi dans le temps ainsi que le(s) objectif(s) associé(s).
  • Adopter la présentation graphique pour illustrer la trajectoire carbone en veillant à bien mettre en perspective les objectifs fixés ou scénarios suivis. La méthodologie utilisée doit être précisée, soit dans le titre du graphique, soit dans le texte qui introduit le graphique, soit encore sous forme de renvoi sous le graphique.
  • Rédiger à la forme active et affirmative, le plus souvent possible, et tempérer l’utilisation des adjectifs et des adverbes.

Observatoire Labrador 2022

Save the Date : 18 octobre 2022 

Retrouvez nos experts autour d’un observatoire des pratiques de l’URD.

Au programme de ce webinaire annuel, un point sur les enjeux de l’URD édition 2022 et le plein de recommandations et bonnes pratiques de transparence de l’information.

 

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