Des rapports intégrés moins communicants, plus transparents

Jeudi 02/12/2021

Parce qu’il répond aux fortes attentes des investisseurs, le Rapport intégré prend toute sa place dans la communication d’entreprise. L’IRCC (International Integrated Reporting Council) demande une plus grande implication des organes de gouvernance et une démonstration de preuve : une communication sur la création de valeur, mais aussi sur la préservation, voire l’érosion de la valeur qui peuvent être consenties par des choix stratégiques.

Entretien avec Sandrine L’Herminier, Directrice Conseil en RSE chez Labrador

Le Rapport intégré devient un incontournable dans la communication d’entreprise.

Quelles sont les principales tendances le concernant ?

En 2021, plus de la moitié du CAC 40 et 43 % du SBF 120 ont publié un Rapport intégré, soit une hausse de 8,5 % du nombre de documents, selon la dernière étude Labrador dédiée. Ce support informatif répond à des attentes de plus en plus fortes de la part des investisseurs et des actionnaires, mais aussi de façon plus large de la part de l’ensemble des parties prenantes : clients, fournisseurs, partenaires, salariés… Pour mémoire, les Rapports intégrés présentent comment les entreprises créent de la valeur à court, moyen et long terme, avec une vision claire et synthétique de leur stratégie, organisation, gouvernance, de leurs risques ainsi qu’une analyse de leurs performances financières ET extra-financières.

Le Rapport intégré traduit ainsi l’intégration des données environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG) au même titre que les données purement financières.

Quelles sont les principales évolutions de ce Rapport, observées et attendues ?

La dernière étude réalisée par Labrador sur le Rapport intégré a identifié deux tendances :

  1. La lutte contre le changement climatique est devenue un incontournable : 92 % des Rapports intégrés abordent le thème et 62 % publient des objectifs de neutralité carbone à moyen-long terme. Il y a toutefois des efforts à faire sur le traitement de cette information. Elle doit être plus précise, notamment sur les outils méthodologiques et scientifiques utilisés pour construire et piloter la feuille de route climat.
  2. Les risques sont un sujet qui s’est imposé depuis 2 ans : 86 % des Rapports intégrés comptent une section risques, 80 % pour les extra-financiers et 73 % pour les financiers. Saluons également l’effort de clarté déployé ici par les émetteurs dans un bel ensemble !

Dans le même temps, l’IRRC, dont les recommandations constituent le socle du Rapport intégré, a révisé son référentiel en janvier 2021.

 

Parmi les axes d’amélioration proposés, deux me semblent particulièrement importants :

  1. une implication des organes de gouvernance avec l’intégration d’une déclaration des membres de gouvernance qui valide la conformité et l’intégrité des informations. Il faudrait aussi davantage mobiliser les conseils d’administration ou de surveillance dans la sélection des informations structurantes en lien avec l’environnement économique de l’organisation et les attentes de la société.
  2. des Rapports qui s’inscrivent davantage dans une démonstration de preuve. Ne pas se contenter de communiquer sur la création de valeur, mais présenter également le processus de préservation ou d’érosion de la valeur, ainsi que les externalités positives et négatives générées par l’activité de l’organisation. Pour que le Rapport intégré soit pleinement utile aux investisseurs, il doit être moins communicant et plus transparent.

Quelles sont vos principales recommandations ?

Travailler en équipe projet me semble indispensable avec un binôme idéal pour piloter ce Rapport : RSE et finance.

Ensuite, les émetteurs doivent davantage se pencher sur la performance intégrée et monétiser plus encore les critères extra-financiers. La prise en compte des enjeux ESG dans les comptes de l’entreprise est amenée à se développer notamment sous le joug de la future directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

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Dernier point et non des moindres, il faut insister sur la pédagogie et la clarté, avec des présentations synthétiques et graphiques sous la forme de tableaux de bord qui permettent au lecteur de suivre les priorités stratégiques, la feuille de route climat ou la gestion des risques au fil des exercices.

Propos recueillis par Beñat Caujolle

 
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